[REPORT] Rencontres Nationales « Ici c’est Cool »

Le 22 novembre 2021, l'équipe Sound Sisters s'est rendu à Montreuil, dans le cadre de la première Journée nationale de rencontres de la campagne « Ici c’est cool – Ne laissons pas la violence pourrir l’ambiance ! » , à quelques jours de la Journée internationale pour la lutte contre  la violence à l’égard des femmes. Cette journée a ainsi entre toutes les partie-prenantes de la campagne : acteurs associatifs et institutionnels, prestataires et partenaires, équipes des festivals et des salles de concerts...

Dans le cadre de notre expérience menée par l'association Hadra, nous avons animé un atelier "Créer une zone safe" dans le but de faire un retour d'expérience sur cette nouvelle initiative amorcée lors du Hadra Trance Festival 2019.

Notre intervention : "Créer une zone safe"

Intervenantes : Emilie ANGENIEUX et Lucie BONNARD - Hadra Trance Festival 2019

L’association Hadra organise à Grenoble depuis 2001 un festival de culture trance-psychédélique. Le festival est organisé par 4 salarié.e.s et 600 bénévoles. Leur expérience d’une zone “safe” date de 2019. L’équipe s’est mise en lien avec des assos spécialisées car le sujet des VSS leur apparaissait difficile. La zone “safe” a été organisée en mixité choisie, avec la présence d’une psychologue qui propose des clés (Comment accueillir les victimes, la parole ?). De nombreuses questions logistiques se posent (Quels matériels ? Qui la gère ?) mais aussi des questions de communication car la zone “safe” permet avant tout de sensibiliser. Rien que le fait qu’elle existe... crée des questions. Il faut faire le point sur les bons mots à utiliser. Le partenariat avec « Ici c’est cool » permet un affichage pour sensibiliser et informer sur le dispositif.

Plus précisément, pour le Hadra, le bilan de l’édition 2019 a été mitigé. En amont, les secouristes ont été sensibilisés 2-3h par les assos partenaires. Il y a une réunion d’interconnaissance entre le personnel de santé, les assos de prévention, les responsables de la sécurité et une personne du Hadra en coordination. Sur cette édition, il y a eu des cas compliqués : une agression sexuelle ainsi qu'une personne qui a dû partir du festival (conscientisation de violences dans ses relations). Les équipes ont exprimé le sentiment d’être dépassées : manque de procédures, manquer de communication en interne, flou sur les zones en fonction des situations : la zone “safe” comme espace de sensibilisation, zone de recueil de témoignages ou zone d’accueil de victimes ? Dans le cas du recueil et de l’accueil, il est nécessaire pour les équipes d’être davantage formées. La zone “safe” n’était pas adaptée pour recevoir une victime qui vient de vivre une agression, car elle était située près des scènes et n’était pas assez protégée. Son emplacement est capital ; la présence de la psychologue importante. Il y a une nécessité de former davantage le personnel de sécurité.

Lors de l’atelier a été questionné le terme « zone “safe” » car il induit que le reste du site n’est pas “safe” (Quel impact sur le public ?). Il a aussi été exprimé l’idée qu’aucun événement n’est véritablement “safe”, que la question est plutôt de comment bien gérer les problèmes quand ils surviennent ? Il a été rappelé que les festivals doivent mettre en place des protocoles pour gérer les victimes ET les personnes qui agressent. Les festivals devraient prioriser la lutte contre les VSS, que leur communication soit claire et que des budgets y soient dédiés.

Avec près de 83 personnes présentes, les objectifs principaux de cette journée ont été largement atteint : le partage d’expériences, l’information, la montée en compétences, la structuration et l’évolution de la « Ici c’est cool » pour les années à venir, et bien sûr le plaisir de se retrouver entre celles et ceux qui prennent l’initiative d’agir contre les violences sexuelles et sexistes, racistes et homophobes dans les lieux et évènements festifs en France.

A PROPOS D'ICI C'EST COOL

Lancée en mai 2019, la campagne « ICI, C’EST COOL – Ne laissons pas la violence pourrir l’ambiance ! », a pris une envergure nationale dès son lancement, avec une centaine d’évènements mobilisés en France. En 2020, malgré les annulations dues à la Covid19, et grâce au soutien de la Fondation Amnesty International et du Conseil National de la Musique (CNM), les volets « formations » et « ressources » de la campagne ont été renforcés. 180 personnes ont été formées l’an passé et de nombreuses ressources ont été identifiées. Ainsi, à travers cette campagne commune, lieux et événements festifs s’organisent pour anticiper et prévenir toutes formes de violences lors de la reprise des événements en 2021.

En 2019, une première pierre a été posée avec une sensibilisation des publics et des professionnels. Des formations ont permis d’aborder la question des agressions à caractère sexuel, sexiste, raciste et homophobe en milieu festif, avec les équipes salariées, les bénévoles, ainsi que les prestataires de sécurité. La campagne « grand public » a été stabilisée : visuels et slogans complémentaires marquant les esprits. Dès cette première édition, la campagne fut un succès. Une centaine de lieux et d’événements musicaux se sont emparés des outils mis à leur disposition pour décliner différents supports de communication (papier, vidéo et numérique) auprès de leurs publics, plus d’un million de spectateurs.

 

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