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[SYNTHÈSE #5] La direction & la régie technique avec Nathalie Solia

Samedi 2 octobre | avec Nathalie SOLIA, ancienne directrice technique du Dock des Suds et de la Fiesta des Suds.

LA MENTORE DU JOUR

Nathalie Solia a 47 ans et elle ne vient pas du monde du spectacle. Au départ, elle s’intéresse aux aspects sociaux-éducatifs. Elle obtient une licence d’AES. Ennuyée par les études, elle veut se lancer dans le vif du sujet. Elle travaille dans un premier temps dans les centres sociaux et fait également  beaucoup de colonies de vacances.

Peu de temps après, une amie à elle qui travaille à la Fiesta des Suds lui fait bénéficier des emplois jeunes mis en place par le gouvernement Jospin, pour des jeunes entre 25 et 30 ans. Grâce à ce dispositif, elle entre avec un CDI à la Fiesta des Suds. Au départ, elle s’occupe de la médiation culturelle au sein de la structure, ce qui consiste à toucher avec une offre artistique les publics visés selon l’âge, l’objet culturel… Elle fait ça pendant un temps, mais s’en lasse très vite.

Quand la première Fiesta a lieu, elle fait la rencontre du directeur technique de l’époque qui cherchait quelqu’un pour l’épauler. Nathalie n’était pas du tout partie pour faire ça, mais elle est devenue son assistante. Un peu perdue à ses débuts, les années finissent par se succéder, et elle commence à comprendre tous les tenants et aboutissants du métier.

Nathalie Solia conseille aux participant·e·s de faire du bénévolat tout en se faisant respecter, afin d’apprendre directement sur le terrain. Cependant, elle a conscience que certains métiers du spectacle vivant ne sont pas vraiment habilités à ce fonctionnement. 

LES PARTICIPANT·E·S

So. a 32 ans. Elle est bénévole depuis 10 ans dans des festivals notamment à Marsatac. Elle a pas mal aidé les électriciens au Paléo. La régie technique de production l’intéresse. Elle aimerait plus en savoir et se professionnaliser.

Cl. a 28 ans. Elle est régisseuse lumière depuis 5-6 ans. Elle a surtout travaillé dans une grosse boîte de nuit en Corse. Depuis la crise sanitaire, elle rencontre des difficultés et se retrouve sans réseau. Elle est là aujourd’hui pour se faire du réseau et étudier les problématiques féministes dans ce milieu-là. 

Sa. est dans le milieu de la musique depuis 20 ans. Il est artiste et accompagne des projets. Il est là pour apprendre dans un endroit safe. Il ne sait pas trop encore quoi faire de ce qu’il va apprendre mais trouve intéressant de rencontrer des intervenantes. Il vient d’arriver à Marseille et est plutôt dans le milieu techno. 

Lo. a 20 ans et est en licence d’événementiel. Elle fait beaucoup de montage d’exploitation. Elle souhaite comprendre un peu plus ce métier. Elle veut découvrir l’envers du métier. Elle est au lycée Jeanne Perrimond à Marseille dans une classe de 10 filles. Elle est heureuse de travailler avec des filles. Elle organise pas mal d'événements en tant que bénévole.  

Na. est aussi en licence d’événementiel. Elle souhaIte élargir ses horizons en venant découvrir les métiers de la technique. Elle a fait un petit stage en régie qu’elle a beaucoup aimé. Il lui paraît intéressant de venir écouter des intervenantes.

ÊTRE UNE FEMME ET TRAVAILLER DANS LE SPECTACLE :  QUELS CONSTATS ?

A suivi un temps fort d’échanges autour des questions relatives aux métiers de la programmation et du booking, ainsi que sur le statut de la femme dans la musique ou secteur culturel. Voici quelques observations :

    • Il faut professionnaliser les femmes pour qu’on ne puisse plus les accuser de manque de compétences.
    • Les femmes n’ont bien souvent pas droit à l’erreur, ce qui entraîne une réticence à postuler à des emplois et un grave manque de confiance.
    • Beaucoup de femmes sont victimes du syndrome de l’imposteur, visiblement plus rare chez les hommes.
    • Le lycée Blaise Pascal (Marseille) et le conservatoire de Grenoble proposent des formations dans les métiers techniques du spectacle.
    • Il y a peu de femmes dans les métiers techniques (son, lumière…).
    • Les femmes ne sont pas formées pour réagir efficacement à des situations sexistes dans le cadre professionnel.
    • Lors des ateliers, le cas du « mec relou qui vient discuter avec toi » est la situation qui est la plus rencontrée par les participant·e·s dans leur vie quotidienne.
    • Les femmes ont malheureusement encore beaucoup de difficultés à s’insérer dans le milieu professionnel du spectacle vivant.

L’après-midi, des ateliers ludiques et participatifs ont permis aux participant·e·s d’échanger de manière plus informelle autour de ces questions, et de partager des expériences personnelles plus intimistes. Afin de déconstruire les stéréotypes de genre parfois intériorisés par les victimes de ces oppressions sexistes, les outils issus de l’éducation populaire permettent de mettre des mots sur les situations de violence, et de s’inspirer de son propre vécu pour s’engager dans la lutte pour l’égalité.

Un exemple de témoignage :

« J’ai eu droit à des réflexions quand j’étais en train de bosser au Paléo de la part d’employés hommes. Heureusement, mon responsable est intervenu mais il est dommage qu’il faille un homme pour régler ce genre de situation. »

RÉFLEXION COMMUNE : COMMENT PALLIER CES PROBLÈMES AU SEIN D’UNE STRUCTURE PROFESSIONNELLE ? 

Le dernier atelier est un temps dédié à l’élaboration d’une charte pour l’égalité des genres dans les métiers des musiques actuelles

Les points évoqués lors des précédentes journées commencent à être rassemblés et re·réfléchis à travers le prisme de plusieurs grands thèmes :

  • Gouvernance et rapport de domination
  • Sexisme ordinaire et la question de la représentation symbolique
  • Articulation avec les temps de vie (maternité, parentalité)
  • Intersectionnalité

(Aujourd’hui ne sera traitée que la partie ci-dessous)

// la gouvernance et les rapports de domination

  • nommer un·e référent·e en entreprise pour les problèmes de sexisme
  • avoir un quota de femmes obligatoire dans les entreprises pour les postes à responsabilité, en se basant sur d’autres critères que celui du genre (sur le critère des compétences, par exemple) 
  • proposer le genre de projet qu’est Sound Sisters aux entreprises culturelles marseillaises
  • instaurer des formations obligatoires en entreprise sur l’égalité hommes/femmes et sur les questions de genre
  • intervenir dans les écoles pour sensibiliser aux questions de genre et informer les jeunes 
  • n’engager que des femmes car les hommes ont déjà plus de capital de travail 
  • former spécifiquement les femmes à certains métiers 

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